Cancer du sein : des ultrasons pour éviter les biopsies
La mammographie permet d’identifier les lésions du sein, mais ne permet pas de dire s’il s’agit de tumeurs bénignes ou cancéreuses. Actuellement, seul un prélèvement de tissu mammaire permet de confirmer le diagnostic. Déplaisant et stressant, cet examen pourrait demain laisser la place à une nouvelle technique sans douleur : l’élastographie.
La mammographie a détecté une anomalie douteuse ? Pas de panique, le diagnostic n’est pas encore établi. Pour pouvoir distinguer les tumeurs bénignes des tumeurs cancéreuses, le médecin devra procéder à un prélèvement du tissu mammaire par ponction cytologique (recueil à l’aide d’une aiguille fine d’un liquide s’il s’agit d’un kyste, ou de quelques cellules s’il s’agit d’un nodule) ou plus généralement par biopsie.
De la suspicion au diagnostic
Schématiquement, on peut dire que si la lésion correspond à une tumeur (nodule), le radiologue réalisera une microbiopsie le plus souvent guidée par échographie. Mais s’il s’agit de micro-calcifications sans nodule, il pratiquera une macrobiopsie guidé par ordinateur sous contrôle mammographique. Ensuite, les tissus prélevés seront analysés afin de confirmer un diagnostic de malignité ou de bénignité (1). Selon la société américaine de cancérologie, 80 % des biopsies réalisées se révèlent finalement bénignes.
Malgré les nombreux progrès réalisés ces dernières années, ces examens restent particulièrement redouté par les femmes. Conscients de ces peurs, les radiologues réunis au Congrès annuel de la société américaine de radiologie d’Amérique du Nord (RSNA) travaillent à rendre ces techniques moins traumatisantes.
Des ultrasons pour remplacer la biopsie
Une nouvelle technique d’imagerie de l’élasticité (ou élastographie) a été présentée lors de ce congrès (2). Le principe est assez simple. On envoie une onde sonore (dans des fréquences non audibles) en direction de l’anomalie mammaire. En fonction de l’élasticité du tissu, elle va se déformer, avant de renvoyer l’onde acoustique. Comme des balles en mousse de différentes densités, les tumeurs ainsi bombardées retrouvent leur forme originale à des vitesses différentes. Les tumeurs cancéreuses plus dures ne se déforment pas ou peu, et l’écho revient plus vite. A l’inverse, les tumeurs bénignes plus élastiques encaissent le choc en se déformant et l’écho revient plus tardivement. Cette élasticité peut être mesurée grâce à l’écho des ultrasons. “Il n’y a pas d’aiguille. Le patient ne note aucune différence par rapport à une échographie classique“ précise le Pr. Richard G. Barr, professeur de radiologie de l’université de Médecine de l’Ohio (Etats-Unis) (3).
Il a testé cette technique sur 80 patientes incluant au total 123 lésions, les diagnostics ont ensuite été confirmés par biopsie. Résultat : les 17 tumeurs malignes ont été identifiées ainsi que 105 des 106 tumeurs bénignes. “Si nos résultats peuvent être reproduits dans un essai large et multicentrique, cette technique pourrait significativement réduire le nombre de biopsies nécessaires“ comment le Pr. Barr, qui compte lancer une telle étude dès 2007.
A l’heure où le dépistage de masse par mammographie permet de détecter de plus en plus de lésions, la France pourrait s’intéresser sérieusement à cette technique. Réduisant la peur et l’anxiété des femmes, cette méthode pourrait se révéler très rentable, par la réduction du nombre de biopsie effectuée. Nous sommes peut-être à l’aube d’une véritable révolution du diagnostic du cancer du sein.
David Bême
1 – Dossier de presse – 2ème rencontres de l’institut du sein – décembre 2006
2 – Annual Meeting of The Radiological Society of North America (Chicago) – le 27/11/2006
3 – Communiqué de presse et Abstract LL-BR4218-B01Click Here: cheap Cowboys jersey