L'allergie au nickel enfin expliquée
Dans les bijoux fantaisie, les pièces de monnaie, les piercings, les boucles de ceintures… Le nickel se cache dans de nombreux objets du quotidien. Et pour 5 à 10 % de la population, cette omniprésence est difficile à vivre car l’allergie au nickel entraîne un eczéma de contact très handicapant. Une étude allemande vient d’élucider les mécanismes de cette réaction allergique et pourrait demain déboucher sur un traitement.
Bien que très fréquente, l’allergie au nickel reste très largement incomprise, tout comme il est mystérieux le fait que les souris, contrairement aux hommes, soient insensibles à ce métal. Autre particularité : alors que les allergies cutanées induisent généralement des réactions 48 à 72 heures après l’exposition à l’allergène, ce délai n’excède pas 24 heures pour l’allergie au nickel…
Le mécanisme allergique classique repose sur plusieurs étapes :
– Lors d’une première exposition, l’allergène traverse la peau et se fixe sur des cellules appelées cellules de Langherans. Ces cellules qui repèrent l’allergène, migrent alors vers les ganglions lymphatiques où elles “présentent“ l’allergène aux autres cellules (lymphocytes T).- Lors du deuxième contact avec l’allergène, les cellules de Langerhans migrent vers les lymphocytes désormais activés. Les lymphocytes affluent vers la zone d’allergie et y créent des lésions vésiculeuses intradermiques, qui ne sont visible que 48 à 72 heures après le contact avec l’allergène.La réaction plus rapide en cas d’allergie au nickel permet de supposer que ce métal agit lui-même comme un signal de mobilisation des lymphocytes T. Il restait cependant à vérifier l’hypothèse et à savoir comment la cellule identifie et réagit au métal.
Pour cela, l’équipe du Pr. Matthias Goebeler de l’Université de Giessen a passé en revue différents récepteurs qui agissent comme des gardiens de l’immunité innée, la première ligne de défense de l’organisme face à des pathogènes. Ils ont alors identifié le récepteur baptisé TLR4 (pour toll-like receptor-4 dont vous voyez une représentation 3D ci-contre) comme celui qui réagit face au nickel chez l’homme. Mais alors que ce récepteur est présent chez la souris, il n’entraîne aucune réaction. Pour expliquer cette différence, les chercheurs ont comparé les deux versions de TLR4, humaine et murine. Résultat : deux régions de la protéine humaine contiennent un acide aminé appelé histidine sur lequel le nickel viendrait se fixer, déclenchant ainsi la réaction allergique.Cette découverte explique pourquoi les chercheurs ne pouvaient jusqu’alors pas disposé de modèle animal pour étudier l’allergie au nickel ; elle élucide le mécanisme propre à l’allergie au nickel, révélant ainsi un nouveau type de mécanisme allergique. “Cela met en lumière une voie alternative d’activation des récepteurs TLR. Pour le nickel, la cible est l’histidine mais pour d’autres allergènes, cela pourrait être d’autres acides aminés“ déclare Anthony Gaspari, dermatologue à l’université de Maryland (Baltimore). Cela offre enfin la possibilité de traiter l’allergie au nickel en bloquant le TLR4.L’équipe de Goebeler essaie aujourd’hui d’examiner si les individus non allergiques au nickel possèdent des différences génétiques sur le gène TLR4. Si tel est le cas, il deviendra demain possible de prédire la réponse au nickel de tel ou tel individu.Luc Blanchot
Source :
Crucial role for human Toll-like receptor 4 in the development of contact allergy to nickel – Nature Immunology 2010 – publié en ligne le 15 août
(abstract accessible en ligne)Illustration : La protéine TLR4 – (c)Yookji/Nature.comPhoto : LORENVU/SIPAClick Here: cheap INTERNATIONAL jersey