Basket : Attractif comme jamais, le championnat de France n'a toujours pas de diffuseur télé
De belles fraises venues du Périgord, une gousse de vanille de Tahiti, du beurre moulé par votre voisin en pleine reconversion professionnelle, de la farine importée de votre meunier préféré… Tous les ingrédients sont là pour préparer un superbe fraisier. Manque plus que du monde pour goûter à ce dessert délicieux et vous en dire le plus grand bien. Le chef Alain Béral est un peu dans la même position. Le président de la Ligue nationale de basket a sous la main des pâtisseries dignes des plus beaux palaces. Mais il lui manque une vitrine digne de ce nom pour les exposer. Car, oui, incroyable mais vrai, aucun diffuseur n’a encore acquis les droits du championnat de France de basket.
Pourtant, la désormais fameuse Betclic Elite, du nom du nouveau namer, qui aurait mis 1,5 million d’euros sur le tapis selon L’Equipe pour avoir pareil honneur, est d’une attractivité folle. « Chaque année, on dit que le niveau est meilleur que la saison précédente, mais là, c’est vraiment le cas, se réjouit Laurent Legname, coach de Bourg-en-Bresse, qui a fait le bonheur de Dijon. Avec Villeurbanne et Monaco qui ont construit deux armadas, c’est super pour le championnat français, on est dans le top 4 des ligues européennes. »
Des anciens de la NBA un peu partout
On oserait presque affirmer que le terme « armada » est faible pour désigner les rosters des deux équipes. Voyez plutôt : Monaco qui recrute l’Américain Mike James, meilleur marqueur de l’Euroligue les trois dernières saisons et passé par les Brooklyn Nets, le Lituanien Donatas Motiejunas, qui a joué quatre ans en NBA, ou l’international français Leo Westermann. L’Asvel, elle, fait un peu plus dans la pouponnière, avec les pépites tricolores Victor Wembanyama et Matthew Strazel, le retour d’Elie Okobo de NBA et la signature de Kostas Antetokounmpo, frère de.
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Mieux, les autres équipes du championnat ne sont pas en reste. Paris qui attire dans ses filets Kyle O’Quinn, 474 matchs en NBA entre 2012 et 2020, et conserve le drafté Juhann Begarin. Le Mans qui signe Dante Cunningham, dix ans dans la Ligue américaine dans les pattes. Même Le Portel, 13e la saison passée, a réussi à recruter un ancien joueur NBA : Sheldon Mac, passé par les Washington Wizards en 2016-2017. Bref, rangez la NBA au fond du placard, nous on va vibrer à La Meilleraie, à Cholet.
« C’est hallucinant de ne pas avoir de diffuseur »
« Ça va être une saison très relevée, assure Benjamin Sene, le meneur de Nanterre. Je n’aurais pas imaginé que des joueurs comme ça arrivent en France. Les joueurs qui sont arrivés montrent l’attractivité du championnat de France. » Attractif, dîtes-vous ? Pas pour tous. Car, l’élite, qui reprend en fin de semaine, n’a toujours pas trouvé de diffuseur. Scandale d’Etat, ou presque. « A six jours de la reprise, ce n’est pas normal, c’est même hallucinant qu’il n’y ait toujours pas de diffuseur, déplore Laurent Legname. En tant que coach, on ne peut être que frustré. »
Diffusé jusqu’en 2020 par RMC, pour près de 10 millions d’euros par an, une somme alors considérable, le basket français s’était replié sur La chaîne L’Equipe l’année dernière pour la mirobolante somme de… zéro millions d’euros. Une saison marquée par le Covid-19, les matchs reportés, la menace de grève des joueurs lors des play-offs… « Des télés ont dû être blessées avec ce type de problèmes, concède Béral, même si ça n’a pas été clairement dit ».
Priorité au clair et au gratuit, mais…
Si la situation financière de la LNB reste honnête grâce au contrat précédent et aux aides du gouvernement, son président souhaite cette fois renflouer les caisses avec l’argent des droits TV. Avec une priorité : avoir du basket gratuit et en clair à la télé.
On a rencontré les chaînes de télé pour leur présenter un projet avec un produit différent d’avant qui leur a plu. Mais ce qui ne nous a pas plu à nous, c’est le retour qu’ils en ont fait sur le mode de diffusion ou le montant des droits proposés. On veut du gratuit et de l’accessible et on ne va pas retomber dans des impasses ou des niches qui feront qu’on sera isolés dans un coin et que personne ne nous regardera. »
Il se pourrait bien que le championnat de France atterrisse sur Canal, comme annoncé par L’Equipe. « Effectivement, il y a une télévision cryptée qui est intéressée, et dans ce cas, ça sera payant, évidemment, reprend Beral. Mais il peut aussi y avoir une télé en clair. Tout ce qui n’est pas sûr, on n’en parle pas. » Un peu, quand même. Lors du Media Day de la fin septembre, les joueurs préféraient même en rigoler, tellement la situation paraît ubuesque. Benjamin Sene : « S’il [Béral] pouvait faire la surprise et annoncer un diffuseur là, ça serait magnifique. » Raté.
La solution vient de LNBTV
Du coup, pour ceux qui veulent s’intéresser au championnat de France, il y a quand même quelques possibilités. Un match sera diffusé par semaine sur Sport en France et/ou France 3 régions. Mais la solution la plus simple, pour le moment, reste LNB TV. L’instance, via son site et son appli, diffuse en effet gratuitement tous les matchs de l’élite. « On n’a jamais eu autant d’exposition depuis que, l’année dernière, on est passés en OTT, se réjouit Alain Béral. Tous les matchs sont diffusés avec commentaires, pas uniquement avec une caméra fixe, mais aussi avec des producteurs locaux. »
Même au niveau européen, on est encore un peu dans le flou. RMC Sports devrait diffuser l’Euroligue, mais vu que les frais de production ont doublé par rapport à l’année précédente avec l’arrivée de Monaco dans le game, la chaîne n’a toujours pas communiqué dessus. L’Euroligue pourrait d’ailleurs aussi se tourner vers l’OTT, à la grande joie d’Alain Béral, qui voit un peu comme un Pilgrim Father du service par contournement dans le basket européen :
« On est les seuls à avoir mis en place une OTT aujourd’hui. Pour ceux qui disent qu’on est fâchés avec l’Euroligue, on travaille avec eux, pour des solutions qui nous semblent très pertinentes, même si elles ne sont pas encore en place. Tout le monde [dans les championnats européens] aimerait disposer des mêmes bases que nous. On sert de conseiller général, y compris pour l’Euroligue. » La France, toujours en avance sur le monde. Mais quand même en retard pour trouver un diffuseur.