Rennes : Pourquoi certains quartiers perdent-ils des habitants quand d’autres en gagnent ?
Le nombre d’habitants à Rennes est bien loin d’exploser. Déjà connue, cette tendance a été confirmée par une étude de l’Insee portant sur une période de près de trente ans. De 1990 à 2017, la capitale bretonne n’a vu sa population augmenter que de 0,6 % par an en moyenne. Bien moins que sa métropole, où le nombre d’habitants a progressé de 3,1 % sur la période (hors Rennes). Dans la ville centre, où les 200.000 âmes ont été largement franchies, les évolutions sont pourtant très hétérogènes. Alors que certains quartiers sont en pleine bourre, d’autres souffrent d’un désamour. Ce qui n’est pas sans conséquences.
La dénomination de l’Insee englobe une grande partie ouest de la ville. Dans le quartier Cleunay-Arsenal-Redon, on pousse les murs. En un peu moins de trente ans, le quartier qui affiche un taux de croissance annuel de 3,7 % ! La première raison de ces arrivées massives est à chercher du côté de l’immobilier. Ce secteur, qui englobe le nouveau quartier de la Courrouze est celui où le nombre de constructions de logements a été le plus fort. Logique, donc, d’y voir la population grossir. « Là où nous construisons, il y a des afflux de population. A l’inverse, là où le parc de logements est vieillissant, il y a une perte d’habitants, à cause du phénomène de décohabitation », résume Marc Hervé, adjoint à l’urbanisme. La « décohabitation » évoquée s’explique par l’augmentation sensible des divorces qui font qu’une seule fratrie occupe deux logements. Les prix de l’immobilier peuvent également expliquer les mutations. Dans le quartier Sud Gare, les cadres représentent 18 % des habitants. Ils n’étaient que 7 % en 1990 dans ce secteur ouvrier aujourd’hui très couru.
En 30 ans, le paysage socioprofessionnel des quartiers de #Rennes s’est redessiné. Ainsi, dans le #quartier Sud Gare, la part des #cadres et professions intellectuelles supérieures est passée de 7 % en 1990 à 18 % en 2017. https://t.co/prqF9LEESJ@metropolerennes @Audiar_infos pic.twitter.com/C8kvK9l7oY
— Insee Bretagne (@InseeBretagne) May 12, 2021
Dans certains quartiers, la tendance est pourtant à la décroissance. Depuis 1990, le Blosne a perdu des milliers d’habitants (1,5 % par an), tout comme Bréquigny. Des tendances qui ne sont pas sans conséquences sur la vie de quartier. « A Villejean, nous avons dû fermer une école et un collège, faute d’effectifs suffisants », poursuit l’élu socialiste. Les équipements municipaux comme les gymnases peinent parfois à remplir leurs créneaux. Le premier adjoint de Nathalie Appéré en profite pour s’expliquer sur la nécessité de densifier certains secteurs, comme celui de Croix-Rouge, où un projet de tour de 17 étages est très décrié.
Cleunay ? « C’est comme un petit village »
Au-delà des constructions, la « réputation » des quartiers reste aussi un facteur déterminant des flux de population. Au Blosne, vous croiserez bon nombre d’anciens qui rêveraient de partir, dégoûtés par le sentiment d’insécurité et les incivilités. Avec l’amère sensation que le quartier qu’ils ont connu « a changé ». A l’inverse, les anciens de Cleunay n’ont aucune envie de départ. « Les gens d’ici bougent assez peu. C’est comme un petit village avec des super structures sociales et associatives. Il y a une grande mixité et beaucoup de solidarité », estime Guylaine, qui habite Cleunay depuis dix ans. Tout n’est pas rose pour autant, à l’image de ce règlement de compte qui a coûté la vie à un gamin du quartier. Mais ici, le terme de « vivre ensemble » n’est pas un vain mot. « Je suis arrivé là il y a deux ans et je découvre que je connais plein de gens qui y habitent. Il y a un côté populaire mais aussi une image de bourgs avec des petits commerces où tout le monde se tutoie. Pourtant, c’est assez moche », ajoute Simon, un trentenaire de Cleunay.
Au Blosne, le projet accompagné par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) prévoit la construction de 2.300 logements d’ici 2026, en plus de la livraison d’équipements comme le conservatoire régional. « On voit que les premiers programmes se vendent bien. C’est la preuve qu’il n’y a pas de problème d’attractivité », assure Marc Hervé. Réponse dans cinq, voire dix ans.
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