Prothèse PIP : un scandale international
Alors que la France vient de recommander aux femmes porteuses des implants PIP de se les faire retirer même en l’absence de détérioration, l’affaire prend une dimension internationale. Durant des années, la société a en effet exporté ses prothèses dans plus de 60 pays.
Extrait de la notice rouge émise par Interpol. Jean-Claude Mas serait recherché par le Costa Rica, mais pour une affaire liée à une conduite en état d'ivresse présumée en 2010.
L’explantation préventive reste une spécificité française Jean-Claude Mas était devenu le troisième producteur de prothèses mammaires, fournissant plus de 100 000 prothèses par an, principalement à l’étranger. Mais une partie de ces implants a été rempli de gel de silicone nettement moins cher mais irritant et non destiné à un usage médical, qui entraîne un risque supplémentaire de rupture.Ce qui a conduit la France à suspendre la mise sur le marché et l’utilisation des implants PIP en mars 2010. Une décision qui faisait suite à la découverte de gel de remplissage différent de celui officiellement déclaré et d’une augmentation du nombre de ruptures prématurées. L’apparition de cas de 8 cancers chez les porteuses de ces prothèses a conduit les autorités à mettre en place un comité de suivi dédié à ce dossier et à solliciter les agences sanitaires pour évaluer le risque. Bien que le sur-risque de cancer propre à ces implants ait été écarté, le Ministère a recommandé, vendredi 23 décembre, que les femmes porteuses de ces prothèses se les fassent retirer, “même en l’absence de signes de détérioration de l’implant mais sans caractère d’urgence. Ces opérations préventives (au nom de “principe de prévention“) sont prise en charge par la Sécurité sociale (la pose de nouvelles prothèses ne sera cependant remboursée que pour les femmes ayant eu recours à la mammoplastie pour des raisons médicales et non esthétiques).Selon le directeur de la Cnam, si toutes les femmes porteuses de ces prothèses sont retrouvées, la facture pourrait s’élever à 60 millions d’euros. La Cnam aurait décidé de porter plainte au pénal pour “tromperie aggravée et escroquerie à la Sécurité sociale“.Le 24 décembre, l’organisation policière internationale Interpol a émis une notice rouge demandant à ses pays membres l’arrestation de Jean-Claude Mas, fabricant des prothèses PIP. Mais cette demande n’a pas de rapport avec la société PIP, elle est relative à un accident de la circulation dans un état d’alcoolémie qui aurait eu lieu au Costa Rica.Xavier Bertrand souhaite que le fabricant réponde de ses actesInterrogé sur Europe 1, le 24 décembre, le Ministre de la santé a souhaité que le fabricant des prothèses mammaires PIP mais également celles et ceux qui ont eu intérêt dans cette société soient retrouvé et répondent de leurs actes. Dénonçant une “sombre affaire de gros sous“, il a également déclaré que la France travaillait “en toute transparence avec ses homologues européens“ et “en lien avec l’Organisation mondiale de la santé“. Selon lui, la position de la France pourrait amener d’autres pays à s’aligner sur les conditions de prise en charge du retrait de ces prothèses.
Prothèse PIP : Un scandale internationalAvec un marché essentiellement destiné vers l’étranger, il apparaît logique que l’affaire PIP prenne aujourd’hui une tournure internationale.Le premier marché de la société PIP était l’Amérique du Sud, qui représentait plus de la moitié de ses exportations. Dès le printemps 2010, le Chili avait ordonné le retrait des prothèses PIP de son marché. Une mesure également prise par le Venezuela. Au Brésil, en Colombie et en Argentine, ces décisions sont intervenues en avril 2010.Plus proches de la France, les Pays-Bas ont interdit l’usage des prothèses PIP en 2010 et avait recommandé aux femmes de consulter un médecin en septembre 2010. En Suisse, on aurait recensé 280 porteuses d’implants PIP, et entre 40 000 et 50 000 en Angleterre, où plusieurs femmes ont porté plainte contre les cliniques qui ont procédé aux opérations. Les autres porteuses de ces prothèses sont dans plus de 60 pays : Israël, Australie, Iran, Turquie, Thaïlande, Syrie, Japon, Chine…L’alarme aurait-elle pu être plus précoce ?Aujourd’hui, certains se demandent si l’alerte n’aurait pas pu être déclenchée plus tôt. En 2007, de nombreuses femmes portent plainte contre la société PIP qui est condamnée. Mais en France, le sujet n’émeut personne à l’époque.Plus étonnant encore, la Food and Drug Administration (FDA), l’agence du médicament américaine, a
publié sur son site lundi 26 décembre une lettre d’avertissement envoyée à Jean-Claude Mas, fondateur de Poly Implants Prothèses (PIP) datée de en 2000, soit 10 ans avant que la société ne soient l’objet d’une attention particulière de la part des autorités françaises et européennes. En mai 2000, l’agence américaine a dépêché un enquêteur pour inspecter l’usine PIP à La Seyne-sur-Mer, près de Toulon (Var). Le mois suivant, le courrier d’avertissement à la société évoque des prothèses “frelatées“ et recense de très nombreux problèmes par rapport aux bonnes pratiques de fabrication.A l’époque, ces remarques concernaient des implants salins et non des implants en silicone (actuellement au cœur de la tourmente). On peut cependant se demander pourquoi ces alertes de la FDA n’ont pas entraîné à l’époque plus de réaction de la part des autorités sanitaires françaises et européennes…David BêmePhoto : Interpol/sipaClick Here: geelong cats guernsey 2019